Finalement, le gluten sera l’obstacle final sur la route de l’ascension d’un sommet au Népal. L’alpinisme n’aura pas complètement résisté à l’intolérance au gluten.
Revenons en arrière. Marion préparait une expédition alpiniste au Népal pour organiser l’ascension de l’Himlung Himal, un beau sommet de plus de 7000 mètres.
Pour cela, elle est passée par une agence spécialisée française et un guide de haute montagne expérimenté qui fournissent l’intendance et l’organisation de ce genre d’expédition. Comme d’habitude (après tout, Marion a déjà grimpé quelques sommets de ce genre, y compris avec cette agence), les premiers contacts mentionnaient l’intolérance au gluten. Bien sûr, il vaut mieux prévenir à l’avance pour que la nourriture soit adaptée, dès la phase de planification. Mais le Népal est généralement facile dans ce domaine parce que le blé est presque absent de la nourriture traditionnelle du pays (beaucoup de riz et de légumes cuits, un peu de viande).
Mais la mauvaise nouvelle a fini par tomber : « sans gluten » impossible à gérer, donc inscription refusée.
Nous sommes partagés entre plusieurs attitudes ou réactions. Bien sûr, la déception est grande. Marion a l’habitude de gérer la contrainte du « gluten free », elle est attentive mais elle sait aussi que ce n’est pas impossible.
D’un autre côté, le guide est le chef d’expédition. La haute montagne n’est pas un environnement facile. Comme un capitaine en haute mer, le guide de haute montagne a toujours le dernier mot : il accumule l’expérience et la responsabilité ultime de toute la cordée. Pour une contrainte supplémentaire, dans un environnement qui ne pardonne pas les erreurs et les approximations, il a tout à fait le droit de se sentir incertain et de choisir de rester en terrain connu ou de ne pas prendre de risque qu’il ne maîtrise pas.
Mais il reste quelques leçons à en tirer. Par exemple, au delà de la déception, il vaut mieux anticiper que de se retrouver dans une situation difficile à gérer. L’intolérance au gluten n’est pas une plaisanterie et la haute altitude n’est pas une plage estivale.
A l’opposé, il faut retenir que Marion a déjà réalisé toute une collection d’expéditions alpines sur bien des montagnes du monde. La volonté n’est pas absolument suffisante mais une intolérante au gluten n’a pas besoin de se sentir indûment limitée. L’absence de gluten autorise aussi le sport de haut niveau. Il y a d’autres sommets autour de 7000m au Népal (et quelques 8000 aussi) que l’on peut grimper « sans gluten ». Par exemple, le Pumori qui regarde l’Everest, fait 7161m et s’est laissé grimper par Marion (photo ci-dessus). Persévérance, anticipation, organisation logistique, tout concourt à la réussite humaine !